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  • : Les chroniques de Chrestomanci
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14 novembre 2007 3 14 /11 /novembre /2007 19:29

Eh bien, ça fait maintenant plus d'un an et demi que ce blog est ouvert, et j'ai toujours voulu créer une nouvelle rubrique où je poserais quelques questions à des auteurs que j'apprécie et qui veulent bien y répondre. En effet, quand j'aime vraiment beaucoup un livre, j'aimerais pouvoir en parler avec son auteur, savoir si j'ai compris ce qu'il voulait dire, ou bien si j'en ai fait une interprétation totalement personnelle. En fait je pense qu'on fait tous nos propres interprétations quand on lit un livre, mais aussi pour la musique, la peinture, tout l'Art en général. Tout dépend de nos vies, de nos humeurs, etc...
Le problème avec cette idée d'interview, c'est que je n'osais pas écrire aux auteurs et leur demander. Puis, il n'y a pas longtemps, j'ai lu One for Sorrow de Christopher Barzak. Je suis allée visiter son blog, et j'ai trouvé son adresse e-mail. Et là je me suis dit pourquoi pas au moins lui envoyer un petit mail pour le remercier de m'avoir fait passer un bon moment. Je ne m'attendais vraiment pas à ce qu'il me réponde, et oh surprise. Et là j'ai osé lui demandé s'il accepterait de répondre à quelques questions...
Il a été vraiment très gentil, et voici le résultat...

christopher-barzac-copie-1.jpg

Les Chroniques de Chrestomanci : Pouvez-vous vous présenter?

Christopher Barzak : Je m'appelle Christopher Michael Barzak. J'ai grandi dans une grande famille à la ferme de mon grand-père à Kinsman, Ohio, une très petite ville rurale, où l'avocat qui a lutté pour l'enseignement de l'évolution dans les écoles, Clarence Darrow, est né et a grandi. Je suis allé à l'Université de Youngstown, Ohio, une vieille ville métallurgiste à peu près à une heure de Kinsman, puis j'ai passé mon temps dans des villes de la côte sud californienne et la capital du Michigan pendant quelques années après avoir obtenu mon diplôme, avant de retourner à l'Université de Youngstown pour préparer un Master d'anglais et d'écriture créative. Après ça, je suis parti au Japon, où j'ai enseigné l'anglais dans des écoles et collèges des banlieues et villes rurales autour de Tokyo. J'ai 32 ans, et je vis maintenant à Youngstown, Ohio à nouveau.

CC : One for Sorrow est votre premier roman, comment le décririez-vous? Que diriez-vous pour que les gens le lisent?

CB : 
One for Sorrow est un roman sur le fait de faire son chemin et une histoire de fantôme, racontée par un adolescent de 15 ans qui est hanté par le fantôme d'un camarade de classe avec qui il commençait à se lier d'amitié. Il y a un mystère au coeur de leur histoire, mais ça n'a rien à voir avec trouver le meurtrier ou rendre justice à quiconque. C'est entièrement sur l'incertitude de la vie et comment on doit continuer à vivre malgré cette incertitude.

CC : Comment décririez-vous le processus d'écriture pour ce livre?

CB : C'a été une période intense de ma vie quand j'ai écrit le livre. Je m'asseyais avec le livre comme un vieil ami, nuit après nuit, écoutant mon narrateur, Adam, me raconter son histoire. Quand le livre touchait à sa fin, je ne voulais pas lui dire au revoir, tout comme il ne voulait pas dire au revoir au fantôme de son ami. Mais à la fin, on doit tous dire au revoir, non?

CC : Avez-vous des habitudes d'écriture? Dans un café, un parc, à la maison...

CB : Généralement, j'écris à la maison, dans une petite pièce pleine de livres et de photos et de peintures. Dedans j'ai un grand bureau, et j'écris sur un ordinateur portable. Avant j'écrivais à la main, mais avec les années j'ai fait une transition vers l'ordinateur parce que je peux taper plus vite que j'écris, et ça me permet de capturer mes pensées plus facilement au fur et à mesure que je les pense. Mon bureau se trouve face à la fenêtre à petit carreaux qui donne sur l'avant de ma maison et le voisinnage dans lequel je vis à Youngstown. Ma maison est situé dans un quartier historique de la ville, donc j'ai une belle vue sur quelques très belles, et très vieilles maisons. J'ai essayé d'écrire dans des cafés, mais j'ai tendance à être distrait par le bruit des cafetières électriques, des conversations des gens, et je commence à vouloir regarder les gens, donc je reste à la maison plus souvent, où je peux avoir du calme et de la solitude, et c'est comme ça que j'écris le mieux, je pense.

CC : Qu'avez-vous ressenti quand vous avez vu One for Sorrow dans une librairie pour la première fois?

CB : J'ai senti un accès de chaleur sur mon visage et imaginé qu'il devenait rouge. J'étais vraiment heureux, mais c'était aussi vraiment difficile pour moi de croire que, là, il y avait mon livre, que j'ai mis tant de temps à écrire, et que d'autres gens pouvaient maintenant le lire. Je commence seulement à réaliser que c'est vrai.

CC : Adam, le personnage principal, ressemble beaucoup à Holden Caulfield de L'Attrape-Coeurs. Pourquoi? Avez-vous été influencé par le travail de Salinger?

CB : Je pense que les gens trouvent que Holden et Adam se ressemblent, parce qu'ils sont tous les deux brutaux sur les bords. Ce sont deux gamins troublés par les aspects non authentiques du monde social dans lequel on se retrouve tous à vivre, et ils sont en colère contre l'injustice de ce monde. Ils jurent tous les deux, font des choses folles, luttent contre ce monde. Mais ils sont aussi tous les deux doux et polis à un certain niveau. J'ai été influencé par le travail de Salinger, oui, particulièrement L'Attrape-Coeurs, mais peut-être pas de la manière dont on est généralement influencé par l'oeuvre d'un autre auteur. Quand j'ai lu L'Attrape-Coeurs pour la première fois, j'avais 16 ans, et j'aimais vraiment beaucoup Holden Caulfield - il avait l'air d'avoir gardé une vision honnête du monde, plutôt que d'adopter la vision socialisée du monde que l'on nous indoctrine quand on est ado - mais son monde était très loin du mien. Il venait d'une classe très aisée de la société, où l'argent n'est pas un problème, et il avait l'air d'avoir déjà beaucoup de libertés d'adulte que moi, en tant que gamin qui travaillait dans l'Ohio rural, je désirais réellement. Donc alors que je l'appréciais, il ne semblait pas reconnaître sa position privilégiée, aisée et cosmopolite dans le monde, et ç'a été une déception pour moi. Donc quand j'ai écrit One for Sorrow, je voulais écrire un personnage qui lutterait avec l'injustice et l'hypocrisie qui sévissent à travers les structures sociales de notre mode de vie, mais je voulais aussi écrire un personnage auquel les gamins qui ont grandi comme moi pourraient s'identifier et comprendre plus facilement.

CC : Vous parlez d'Adam comme s'il était une personne réelle, comme si il avait le choix. Est-ce vraiment le cas? Est-ce que tous vos personnages ont leur mot à dire quand vous écrivez? Est-ce nécessaire pour vous qu'ils aient leur propre vie?

CB : Oui, j'accorde vraiment le plus de liberté possible à mes personnages. J'ai l'impression que j'écris au son de leur voix, et donc je me repose sur eux pour me dire quels sont leurs choix, et quelles sont les conséquences de ces choix. Si j'imposais mes propres idées à mes personnages, ce ne seraient pas des personnages honnêtes. Je n'aime pas lire des histoires avec des personnages qui ne sont que des marionnettes pour un auteur. Il est donc essentiel que je les laisse vivre leur propre vie. C'est acte d'effacer mon ego autant que possible, laissait une autre personne me remplir. C'est une preuve d'imagination, mais je pense que c'est ce qui rend la bonne fiction si belle et nécessaire - ça nous aide à sortir de nos propres perspectives limitées.

CC : Quand vous avez commencé à écrire One for Sorrow, saviez-vous déjà comment ça allait se terminer?

CB : J'avais une idée de la fin, mais seulement l'image d'Adam rentrant à la maison. Je savais qu'il rentrerait. Mais je ne savais pas comme il en viendrait à rentrer.

CC : Pourquoi avoir choisi un garçon, et pas une fille pour changer? Est-ce parce que vous pensez que les filles n'ont pas les mêmes problèmes que les garçons, ou simplement parce que vous vous apparentez à Adam d'une façon ou d'une autre?

CB : Eh bien je pense que Gracie Highsmith est un personnage aussi important qu'Adam dans la narration de One for Sorrow, même si je n'ai pas écrit le livre de son point de vue. Je ne pense avoir vraiment choisi le narrateur par rapport à son genre de cette façon particulière. Adam m'a choisi. J'écris à la voix. J'écoute cette voix. Celle d'Adam est celle qui est venue à moi pour ce livre. Dans mon prochain livre, il y a plusieurs chapitres narrés par des personnages féminins, mais elles sont venues à moi d'elles-mêmes, tout comme Adam.

CC : Adam est un garçon qui est à la recherche de sa place dans le monde, et il est prêt à mourir pour ça. Essayez-vous de faire passer un message aux ado qui sont une des premières vicitimes du suicide?

CB : Je ne cherche pas à écrire des livres avec des messages, mais je pense que les histoires ont tendance à communiquer quelque chose, peu importe ce que c'est. Je pense que si un lecteur ado, ou même un adulte, devait lire One for Sorrow et y penser dans le contexte du suicide, ils verraient que le choix d'Adam de vivre  plutôt que mourir est clairement la meilleure option. La vie peut aller mieux, elle a ce potentiel. Mais quand vous êtes mort, comme Jamie dit, tout est égal. Rien ne peut s'améliorer quand vous êtes mort. C'est mieux de vivre.

CC : A la fin, le meurtre de Jamie n'est pas résolu, pourquoi? Pensez-vous que ce n'est pas important?

CB : J'aimerais que le meurtre de Jamie soit résolu, bien sûr, comme j'aimerais que tous ceux dont la vie a été profanée par le meurtre, le viol ou l'enlèvement puissent trouver une résolution. Mais ces crimes sont-ils toujours résolus dans la vraie vie? Non, ils ne le sont pas. Mais dans les livres il semble qu'on insiste que l'on insiste pour qu'ils soient résolus. Je pense que c'est une fantaisie confortable pour les lecteurs, mais je ne voulais pas écrire un livre qui ment. Parfois les meurtres restent non résolus. Parfois des gens disparaissent et on ne découvre jamais pourquoi. Mais on doit continuer à vivre de toutes façons. Je voulais écrire un livre à ce sujet, comment on doit continuer à vivre sans savoir ou en n'ayant aucune certitude sur le monde.

CC : Savez-vous si les droits pour la traductions ont été vendus à la France?

CB : Les droits de traduction ont été vendus à l'Italie, mais quant à la France je ne pense que ce soit encore fait. J'espère qu'ils le seront. Je peux lire le français et j'aimerais pouvoir voir comment mes mots sont traduits dans d'autres langues.

CC : En ce moment, vous travaillez sur un autre livre, pouvez-vous nous en parler juste un tout petit peu, s'il vous plaît...

CB : Il s'intitule The Love We Share Without Knowing (L'amour qu'on partage sans le savoir). L'histoire se passe au Japon après le 11 septembre, et après le début de la guerre en Irak. Elle est racontée de plusieurs points de vue, et chaque chapitre est raconté dans un style différent de narration. Les personnages ont chacun leur propre histoire, mais ils font tous parties d'un plus grande histoire dans le livre sans s'en rendre compte.

CC : Où pourrais-je trouver vos nouvelles en version imprimée?

CB : J'espère dans un recueil un jour. Pour l'instant elles sont disponibles dans une variété d'anthologies et de magazines. Si vous regardez ma bibliographie sur mon site, vous trouverez une liste des endroits où elles sont chacune apparues ou les réimpression. J'espère vraiment qu'un jour je pourrais en réunir quelques unes dans un même volume.

CC : J'ai vu que vous aviez vécu au Japon pendant quelques temps, comment était-ce? Est-ce que cette différente culture à influencé votre écriture d'un manière ou d'un autre?

CB : J'ai aimé vivre au Japon. J'y ai trouvé une seconde maison, et une seconde famille, et beaucoup beaucoup d'amis. Et j'ai appris comment me glisser hors des croyances et du système de valeurs de ma propre culture pour voir le monde avec une autre perspective. C'était la troisième  plu formatrice expérience de ma vie jusqu'à présent. La première est d'avoir grandi dasn une ferme dans l'Ohio. Et la seconde a été d'aller à l'Université dans une ville métallurgiste morte. Vivre au Japon a influencé mon écriture d'un point de vue technique aussi. J'ai appris à apprécier l'esthétique du 'moins est plus', et d'une certaine manière ça se reflète dans mon écriture. Je pense que ma prose est plus dépouillée et imagée maintenant qu'elle ne l'était avant.

CC : Quelles sont vos influences? Votre top 10 de tous les temps?

CB : Ce serait tellement difficile de choisir dix livres spécifiques, mais je vais lister les 10 auteurs dont l'oeuvre m'a influencé. Jonathan Lethem, Jeanette Winterson, Angela Carter, Haruki Murakami, Marguerite Duras, A.S. Byatt, Shirley Jackson, Kelly Link, Gabriel Garcia Marquez et Franz Kafka.

CC : J'ai vu sur votre MySpace que vous aimeriez rencontrer Bouddha, Jesus, Salinger ou encore Marguerite Duras. Que leur diriez-vous s'ils étaient assis en face de vous à cet instant?

CB : Si c'était Bouddha, je pense que je sourirais seulement. Si c'était Jésus, je dirais " A quel point ç'a été vexant de voir les horreurs que les gens commettent en votre nom?". Si c'était Marguerite Duras, je serais sidéré. Elle est un géni absolu. J'aurais peur de parler. Elle penserait sûrement que je suis stupide. Mais si j'arrivais à dire quelque chose, ce serait " Merci de m'avoir montrer une autre façon de comprendre le monde et comment être conscient de tout ce qui m'entoure". Vraiment, je pense que ce serait ce que je dirais à eux trois, maintenant que j'y pense.

CC : Que penseriez-vous si One for Sorrow devenait L'Attrape-Coeurs de la nouvelle génération? Vous cacheriez dans les bois où personne ne peut vous trouver?

CB :  Si One for Sorrow devenait L'Attrape-Coeurs de la nouvelle génération, je me sentirais sûrement à la fois transporté et un peu effrayé par ce que ça amènerait avec. Je ne me cacherais pas dans les bois où personne ne pourrait me trouver. Bien que je comprenne que chacun a la liberté de faire ses propres choix, j'aimerais que Salinger parle à ceux que son livre a affecté. Je ne me cacherais pas. Du moins pas pour toujours à jamais.

CC : Un dernier mot?

CB : Merci, Virginie, pour avoir pris le temps de me contacter et me poser ces questions. C'a été un vrai plaisir de pouvoir parler avec vous et de se connecter avec des gens qui ont lu ce que j'ai écrit. C'est la meilleure partie de l'écriture d'un livre. Je pense que les livres rapprochent les gens.


Merci beaucoup à vous, Christopher pour avoir répondu à toutes mes questions, c'était vraiment gentil de votre aprt et j'espère que beaucoup de gens liront One for Sorrow. Et j'attends avec beaucoup d'impatience The Love We Share Without Knowing.

 
 

 

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commentaires

E
elle est géniale cette nouvelle rubrique!Très intéressante, vraiment... je remarque que souvent les auteurs disent la même chose sur leur personnage. Ils parlent d'eux comme s'ils existaient vraiment et quand on le leur fait remarquer, ils nous répondent que oui, c'est eux qui voulaient qu'on raconte leur histoire...je trouve ça beau.Je ne connais pas cet auteur, j'ai envie de le découvrir maintenant!Merci Virginie!J'espère qu'on en aura d'autres comme ça :-)
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V
Je l'espère aussi, j'y réfléchis, mais ça se prépare un peu quand même et il faut aussi oser foncer, mais bon, maintenant ça ne me fait plus peur. S'ils acceptent c'est génial, et s'ils refusent tant pis. Mais j'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres...
K
Très intéressant comme article et comme entrevue!  Je ne connaissais pas cet auteur mais du coup, j'ai le goût de découvrir ce livre!!!
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V
Je le conseille vivement si tu peux lire en anglais
M
Très sympa cette interview. Je ne connaissais pas l'auteur, mais il m'a donné envie d'y regarder de plus près. Le monsieur a des influences intéressantes et étonnement diverses : de Murakami (correction au passage : son prénom est Haruki) à Kelly Link en passant par Marquez...Beau boulot  :)
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V
Oui, merci de me faire remarquer ma grosse faute de frappe, arrête d'aller trop vite dans ce que tu fais Virginie...Pour qui tu passes après? ;o)Je corrige ça tout de suite ni vu ni connu, ah mais bon il y a une preuve dans les comm, mince comment faire?....mdr