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Genre : Littérature japonaise
Titre original : Ichi-kyū-hachi-yon
Editeur français : 10/18 : 9,60€
Editeur anglais : Vintage (édition omnibus) : 13,06€
Quatrième de couverture :
Entre l'an 1984 et le monde hypnotique de 1Q84, les ombres se reflètent et se confondent. Unies par un pacte secret, les existences de Tengo et Aomame sont mystérieusement nouées au seuil de deux univers, de deux ères...Une odyssée initiatique qui embrasse fantastique, thriller et roman d'amour, composant l'oeuvre la plus ambitieuse de Murakami.
Je vais vous en dire un peu plus long sur cette ces histoires, mais j'ai peur que cela soit un peu fade en comparaison de ma lecture.
D'un côté, il y a Aomame, jeune femme trentenaire, prof de sport et tueuse à gages pendant son temps libre. Célibataire, après une mission, elle arpente les bars à la recherche d'hommes chauves pour satisfaire son besoin, et garde intact son amour pour un garçon dont elle ne connaît pas le nom qu'elle a connyu quand elle avait dix ans. Tueuse à gages, mais pas pour n'importe qui. Elle venge des femmes battues. Bientôt des choses plutôt bizarres vont lui apparaître, et vont donner naissance à l'année 1Q84, une sorte de monde parallèle à 1984.
De l'autre côté, il y a Tengo. Trentenaire, mathématicien, écrivain. Avec son ami éditeur, il tombe sur un manuscrit extraordinaire, dont l'auteur est Fukaéri, une jeune fille de dix-sept ans, qui a l'air de vivre dans un monde bien à elle. Tengo est amené à récrire le récit de Fukaéri et une amitié va naître entre eux. Tengo partage donc son temps entre son emploi de professeur de mathématiques, la réécriture de La Chrysalide de l'air, et sa petite amie plus âgée et mariée qu'il voit tous les vendredis.
J'ai acheté 1Q84 par simple curiosité, car je le voyais partout, et je voulais voir de quoi il en retourner vraiment. J'ai été happée dès les deux premiers chapitres. Un petit doute juste après, mais qui n'a pas duré longtemps. 1Q84 m'a plu et ça faisait longtemps que je n'avais pas été tenue en haleine comme ça. J'en ai même abandonné (pour un temps) ma lecture d'école, Manhattan Transfer (et c'est pour cette raison que je vais attendre pour entamer le second tome, bien qu'il me fasse de l'oeil du haut de son étagère, je dois être forte!)
L'écriture (du moins la traduction) de Murakami est magnifique, il nous emmène loin, en 1984 ou en 1Q84. Il réussit en peu de temps à créer une atmosphére mystérieuse, et parfois même féérique. Les personnages ont une profondeur, ne sont pas seulement des mots couchés sur le papier. Et j'aimerais faire un pied de nez, même si je sais qu'ils ne me lisent pas, à ceux qui me disent que les Japonais se ressemblent tous. Lisez Murakami et vous vous rendrez compte que ce n'est pas le cas. Et ceci me fait d'ailleurs penser que j'ai trouvé intéressante la manière de décrire les personnages physiquement, contrairement aux occidentaux où on se fait une idée du personnage de par la couleur de ses yeux ou de ses cheveux, ici on se les imagine grâce à de petits détails différents de physionomie, le nez aplati, les oreilles chiffonnées. Pour en revenir au style, Murakami sème par-ci par-là des indices pour nous faire comprendre que les histoires d'Aomame et de Tengo sont liées l'une à l'autre, même si ce lien n'est pas encore expliquée clairement dans le tome 1.
Murakami nous offre également un florilège de références, de 1984 d'Orwell à Tchekov en passant par les récits médiévaux Japonais comme Le Dit des Heiké, ou encore par la musique de Bach ou la Sinfionetta de Janacek (que je ne connais pas, mais tellement curieuse que je suis, je vais essayer de trouver ça). Le roman dystopique d'Orwell est très présent dans ce tome, et ça me laisse à penser qu'il y aura un véritable lien par la suite, je m'attends donc au pire pour la suite, en espérant ne pas avoir une fin aussi dramatique que celle d'Orwell...
Passons maintenant aux points négatifs, parce qu'il y en a quelques uns. 1Q84 est très répétitif, comme si Murakami avait peur que ses lecteurs souffrent d'amnésie régulière. Il aurait donc pu économiser quelques nombreuses pages en évitant des répétitions parfois abusives. Egalement, son obsession pour les seins devient un peu barbante : les seins d'Aomame, trop petits et asymétriques; les seins de Fukaeri sous son pull; mais surtout le souvenir de Tengo lorsqu'il avait un an et demi et qu'il a vu sa mère en combinaison blanche se faire sucer un sein par un homme qui n'était pas son père.
Un reproche personnel au niveau de la traduction cette fois. Tout d'abord, la citation en début de livre, en anglais, non traduite en français. Je n'ai aucun problème avec l'anglais, bien au contraire, mais je me mets à la place des lecteurs français non angliciste, et je me dis qu'ils n'ont pas le droit de profiter de cette citation. De plus, l'expression Little People revient souvent, car c'est Little People ont un rôle à jouer dans l'histoire, mais on ne trouve aucune note expliquant ne serait-ce que vaguement ce que sont ces Little People. Les Little People sont les lutins, mais encore une fois, je me dis qu'un lecteur ne connaissant pas l'anglais ne pourra pas le deviner. Et les Little People apparaissent vraiment comme personnages seulement sur la fin du livre. Comme je l'ai dit cela n'engage que moi, car dans les quelques avis que j'ai lus sur 1Q84, je n'ai pas vu cette remarque.
Mais malgré ces petits points négatifs, 1Q84 est un grand roman, et je comprends désormais cet engouement au Japon et en Europe. Malheureusement il faudra que j'attende la fin des examens en mai pour lire la suite, et je peux vous dire que je trépigne d'impatience...