A l'occasion des sorties françaises des séries Vampire City et Les Gardiens des Eléments, Rachel Caine a accepté de répondre à quelques questions. Un grand merci à elle. Et je vous assure que je suis super contente de cet échange, car c'est une auteure que j'apprécie énormément, et cet échange me permet de dire que c'est également une personne que j'apprécierais énormément s'il m'était donné de la cotoyer.
Virginie : Les séries Vampire City et Les Gardiens des Elements sont enfin parues en France. Que ressentez-vous à ce sujet ? Quel effet cela fait-il de savoir que votre travail est connu à travers le monde ?
Rachel Caine : C’est un sentiment incroyable…Je ne peux presque pas l’imaginer, vraiment, mais l’idée que des gens si loin lisent (et j’espère apprécient) ce qui a commencé avec une étrange idée dans ma tête, c’est un peu comme de la magie pour moi.
V. : Dans la série Vampire City, les vampires respectent leur nature. Ce que je veux dire, c’est qu’ils sont méchants (pour la plupart), et même certains d’entre eux sont très très méchants. Comment cela se fait-il quand la plupart des auteurs actuels surfent sur la vague du « bon vampire » ? Est-ce une façon de vous distinguer ou faites-vous partie de ceux qui pensent que les vampires ne peuvent pas changer leur nature de prédateurs ?
R.C. : C’était en partie un choix délibéré de me détourner de la plus populaire représentation des vampires, mais parce que je suis aussi « old school ». J’ai grandi avec des vampires sombres et dangereux (même s’ils étaient occasionnellement un peu romantiques) et c’est le genre qui me parle vraiment en termes d’histoires. Je pense que la nature première des vampires est qu’ils sont en fait des prédateurs… Et dans le cas des miens, la plupart ont été élevés à une époque où leur position dans la vie était tout ce qui importait. Donc naturellement ils continuent de porter cette attitude. La plupart d’entre eux étaient riches d’une certaine manière, ou anoblis, parce que ça leur permettaient de survivre quand les guerres et les désastres menaçaient, donc ils continuent aussi de porter un peu de cette arrogance de classe. Des prédateurs qui se pensent de la royauté sont d’autant plus dangereux.
V. : Comment vous est venue cette idée d’une ville dirigée par des vampires ?
R.C. : C’est venu lors d’une sortie en voiture, un soir tard dans la nuit. Je parlais à une amie et me plaignait du fait que les lampadaires dans cette partie de la ville étaient très éloignés les uns des autres, et elle (sûrement sur un coup de tête) m’a demandé : ‘Pourquoi d’après toi ?’ Et sans y réfléchir, j’ai dit : ‘Parce que les vampires ont fait les plans de la ville’ et d’un coup, l’idée de Morganville était lancée.
V. : Vous avez une tendance à terminer vos livres sur un cliffhanger (j’aime et je déteste ça en même temps). Pour Vampire City, les premiers livres sont sur la même intrigue : Bishop. J’étais un peu déçue par les livres suivants parce que je n’arrivais pas à retrouver ce suspense intenable que j’aimais tant dans les premiers. Etait-ce votre choix de continuer la série comme ça, pour pouvoir développer certains de vos personnages ?
R.C. : Les six premiers livres étaient définis comme ligne narrative, parce que honnêtement je ne savais pas que la série deviendrait si populaire et que j’aurais la chance d’en écrire plus. Quand j’ai compris cela, il était trop tard pour ajuster la ligne narrative, donc j’ai décidé d’écrire des one-shots après ce point. Donc bien qu’il y aura certains éléments en continu, il n’y aura plus autant de cliffhangers J
V. : Bon, je “tombe toujours amoureuse” d’un personage ou d’un autre quand je lis un livre. Et j’aime Myrnin, meme s’il est un peu fou et dangereux, c’est ce qu’il le rend special. Je serais curieuse de savoir comment vous en êtes arrivée avec ce vampire complètement fou et adorable.
R.C. : Je voulais vraiment créer un personnage qui avait un problème plus profond que juste la maladie qui affecte tous les vampires au début de l’histoire ; Myrnin m’a semblé un choix logique ! Je savais dès le début qu’il souffrait non seulement d’un cas avancé de la maladie (Je l’appelle « l’Alzheimer des vampires ») mais aussi d’un problème secondaire qu’il avait déjà dans sa vie et après dans son existence de vampire. Je ne savais pas ce que c’était jusqu’à ce qu’une de mes amies me dit qu’il était définitivement bipolaire. Et elle a raison, il est extrêmement psychotique, et peut être en proie à des crises de dépression. Je l’ai basé sur l’idée qu’il était l’inspiration à l’origine du légendaire Merlin, puis il est passé de la magie à l’alchimie et a continué à être fasciné par la science et comment tout se mélange avec des types non traditionnels d’études scientifiques. C’est donc de cette manière que je suis arrivée à le créer, mais rien de tout cela n’explique comment il a juste pris vie… Je n’en ai aucune idée, il est arrivé complètement différent de ce que je pensais !
V. : La série Les Gardiens des Eléments est ma série préférée. Mais j’aimerais savoir comment vous est venue cette idée, absolument géniale et innovatrice, de l’organisation des Gardiens et du monde des Djinns. Maintenant, quand il y a un orage, je ne peux m’empêcher de penser à Joanne et Lewis unissant leurs pouvoirs à ceux de David.
R.C. : J’ai vraiment aimé écrire la série Les Gardiens du Temps aussi ! C’était un grand challenge… J’ai grandi dans une zone des Etats-Unis qui est souvent en proie à un climat très violent, y compris des tornades. En fait, des tornades sont passées devant ma maison pas moins de trois fois ces dix dernières années. C’a sûrement influencé mon choix de ce que j’allais écrire, et quel genre de système magique j’allais construire. Après avoir vu des tempêtes se détourner de manière inexplicable de certains endroits où on les attendait, je me suis demandé s’il n’y avait pas peut-être une organisation secrète qui les dirigeait…ou qui essayait de les combattre. Ce qui m’a amenée à l’idée que la Terre elle-même attaquait, et que les Gardiens nous défendaient. Les Djinns suivirent, parce que je voulais avoir une manière d’expliquer comment tout cela fonctionnait, et ils étaient un genre de créature surnaturelle qui n’avait pas été exploré beaucoup dans la fiction occidentale.
V. : Vous avez mélangé le mythe arabe du Djinn comme esprit, et le “génie dans la bouteille” qui est purement littéraire et les avez mis dans le monde occidental. Comment avez-vous travaillé avec ces notions ?
R.C. : J’ai lu beaucoup de littérature avec l’idée arabe du Djinn, et vous avez raison, je l’ai ensuite marié au concept occidental du « génie dans la bouteille » parce que c’était familier à la plupart de mes lecteurs, plus familier que la véritable mythologie. Mais de là j’ai décidé de leur donner une part intégrale dans le mécanisme complexe qui dirige notre monde… les « anticorps » de la Terre, dont le rôle est d’attaquer les dangers pour elle, mais de les rendre vulnérable à l’humanité en même temps. C’était une chose difficile à travailler, et une partie a pris place avec le temps alors que la série se développait.
V. : Je vous ai dit que j’aime Myrnin, mais mon béguin littéraire numéro 1 est David. Lequel de tous vos personnages préférez-vous s’il y en a un ? Est-ce que vos personnages se basent sur des personnes que vous connaissez ?
R.C. : Je ne sais pas si je préfère un personnage plus qu’un autre, mais si c’était le cas, j’aimerais Lewis pour sa complexité (Lewis n’est pas complètement bon, et il est capable de TOUT, il a ce genre de détermination nécessaire à un héros, mais il n’est pourtant pas le vrai héros de l’histoire de Joanne). Mais j’ai aussi aimé écrire David, pour sa complète dévotion et cet équilibre délicat entre pouvoir et clémence dont il a besoin pour être crédible. Et en ce concerne mon préféré de tous les temps, cependant, je dois dire que c’est un ex aequo entre Shane et Myrnin. J’aime tellement les écrire tous les deux.
V. : Pouvez-vous partager avec nous votre Top 5 livres de tous temps et tous genres confondus ?
R.C. : Je vais tricher un peu et dire les histoires de Sherlock Holmes d’Arthur Conan Doyle, et seulement parce que je les ai lus pour la première fois dans un recueil, et donc ça compte comme un livre !
Mes autres choix seraient Salem de Stephen King, L’œil du Cyclone de Jim Butcher, Passage de Connie Willis et Preacher de Ted Thackrey.
V. : Avez-vous quelque chose à dire à vos lecteurs français ?
R.C. : Bienvenue à Morganville ! (en français dans le texte) Je suis tellement ravie que vous veniez visiter la ville…et pour les lecteurs de les Gardiens des Eléments, je suis désolée au sujet du temps, mais tous nos Gardiens sont actuellement en congés… Ils sont si difficiles à gérer !
Sérieusement, je suis ravie d’être invitée à faire partie de votre si vibrant monde littéraire en France, et j’espère que vous appréciez ces histoires !
Je remercie vivement Rachel Caine d'avoir pris du temps pour satisfaire ma curiosité. Vous pouvez la retrouver sur son site officiel ici.
Pour information, le tome 3 de Vampire City sortira le 15 juin 2011 en France, et le tome 10, Bite Club, sortira en mai 2011 aux Etats-Unis.
Vous pouvez également découvrir la série spin-off de Weather Warden / Les Gardiens des Eléments, Outcast Season
Vampire City
The Morganville Vampires
Les Gardiens des Eléments
Weather Warden
Outcast Season