Retrouvez la bio- et la bibliographie de Jasper Fforde ici
****
Genre : Fantasy, uchronie
Série : Thursday Next n°1
Titre original : The Eyre Affair
Editeur anglais : Hodder : 9,77€
Editeur français : 10/18 : 9,60€
Année de publication : 2001
Quatrième de couverture (édition 10/18)
Dans le monde de Thursday Next, la littérature fait quasiment office de religion. A tel point qu'une brigade spéciale a dû être créée pour s'occuper d'affaires aussi essentielles que traquer les plagiats, découvrir la paternité des pièces de Shakespeare ou arrêter les revendeurs de faux manuscrits. Mais quand on a un père capable de traverser le temps et un oncle à l'origine des plus folles inventions, on a parfois envie d'un peu plus d'aventure. Alors, lorsque Jane Eyre, l'héroïne du livre fétiche de Thursday Next, est kidnappée par Achéron Hadès, incarnation du mal en personne, la jeune détective décide de prendre les choses en main et de tout tenter pour sauver le roman de Charlotte Brontë d'une fin certaine...
J'avais lu L'Affaire Jane Eyre il y a quelques années, et j'en avais déjà parlé ici (mon tout premier article sur Les Chroniques de Chrestomanci, just for the record). M'étant à l'époque arrêtée en cours de lecture du 3ème tome, j'avais envie depuis longtemps de reprendre la série du début. A la base je voulais le lire en anglais, mais mon budget étant limité et ayant une édition française, je l'ai donc relu en français. Je viens de relire mon article de l'époque et je trouve que je ne fais absolument pas honneur à ce merveilleux roman. Je reprends donc tout à zéro ici.
Vous l'aurez compris, j'ai autant apprécié ma seconde lecture, sinon plus que la première. Certainement plus, car j'ai eu l'occasion depuis de lire Jane Eyre de Charlotte Brontë, ce qui a sans doute améliorer ma compréhension du roman de Jasper Fforde.
Jasper Fforde nous offre ici un univers complètement délirant, mais tellement bien ficelé et détaillé qu'il n'est pas difficile d'y croire. Imaginez-vous en 1985, la guerre de Crimée dure depuis plus de cent ans, aucun des deux camps ne veut lâcher le morceau. Les chats et les chiens comme animaux de compagnie, oubliez! Vous pouvez adopter un dodo ou une autre espèce éteinte, recréé grâce à un sequençage ADN. Vous vous promenez dans la rue, et au détour d'une boulangerie, vous tombez sur un Shakesparleur, une sorte de juke-box qui récite les pièces de Shakespeare, et vous avez une conversation animée avec un Baconien, qui est persuadé que les oeuvres attribuées à Shakespeare ont en fait été écrite par Francis Bacon. De l'autre côté de la rue, un traficant de faux manuscrits, et la brigade des LittéraTecs qui arrive pour mettre fin à son commerce. Mais attention, imaginez-vous un monde où des vers correcteurs mangeurs de mots peuvent vous aider à traverser cette frontière invisible entre la réalité et la fiction. Vous pouvez ainsi vous promener dans votre roman préféré!
Contrairement à ce que laisse penser la quatrième de couverture Jane Eyre n'est pas au centre du roman. Elle n'apparaît réellement que dans le dernier tiers du livre. La première partie est plutôt centrée sur Martin Chuzzlewit de Dickens (qu'il faudra que je lise avant de re-relire L'Affaire Jane Eyre un jour).
Achéron Hadès est un le mal personnifié, il désire rester dans les mémoires en accomplissant les pires atrocités possibles. Il s'empare d'abord du manuscrit de Martin Chuzzlewit, puis celui de Jane Eyre. Lorsqu'un manuscrit est transformé de quelque manière que ce soit, ces changements sont répercutés sur toutes les éditions existantes. Et Hadès décide d'enlever Jane Eyre. Sans Jane Eyre pour raconter l'histoire, le roman de Charlotte Brontë n'a jamais existé, bien que la fin ait été bâclée par Brontë, nous laissant sur notre fin avec Jane qui accepte de partir en Inde avec St John Rivers. Je dirais seulement qu'heureusement que Thursday Next est passée par là ;-)
Il est assez difficile de vous parler de tout ici, il y a tellement de choses dans L'Affaire Jane Eyre. Les ChronoGardes, Goliath à la recherche de fusil à plasma, William Wordsworth au détour d'un poème, des touristes japonais armés d'un appareil photo dans Jane Eyre, et bien sûr Edward Rochester, prêt à tout pour sauver sa Jane.
Ce roman, avec ses touches d'humour et ses nombreuses références littéraires, s'adresse aux amoureux de Jane Eyre, mais avant tout aux amoureux du livre. Cependant, le monde créée par Fforde peut paraître trop délirant pour certains lecteurs. Je pense que c'est un livre qu'on adore ou qu'on déteste, sans rien au milieu, qu'en pensez-vous, ceux qui l'ont lu?